Gervais Gigon (45 ans) joue en 1re ligue à un âge où le commun des mortels commence à soigner ses premiers bobos de vieux. Rencontre avec l’increvable attaquant Taignon.
Y a-t-il un point commun entre Gervais Giron et l’ex-international Martin Rauch ?
GG: Surtout pas ! Il était beaucoup plus fort que moi. Il évoluait en défense. Bon, c’est vrai qu’il a joué au hockey à un bon niveau longtemps. Comme moi. […]
Martin Rauch, en fin de carrière au HC Ajoie, avait accepté de poser, pour les besoins d’un photographe d’un célèbre quotidien orange, à côté d’un dinosaure en plastic trônant sur un rond-point de Porrentruy. Ferais-tu un truc comme ça ?
GG: Le public, ma famille, mes collègues et mes coéquipiers me font déjà suffisamment comprendre que j’ai passé l’âge de faire ce que je fais (ndlr : il sourit). Cela dit, j’ai encore l’impression d’apporter ma pierre à l’édifice.
Un de tes anciens coéquipiers du HCFM dit que, si tu es encore là, c’est probablement parce que tu t’es lancé un défi interne. Vrai ou faux ?
GG: Disons qu’avant d’entamer cette aventure en 2e ligue avec Delémont, j’étais resté sur quelques saisons à jouer avec la « deux » du HC Franches-Montagnes. Voire en 1re équipe durant les play-offs, quand Martin Bergeron était entraîneur au Centre de Loisirs. A la fin de cette période « entre deux eaux », on m’a contacté pour venir à Delémont. Je connaissais plusieurs joueurs, comme les frères Gygax, Membrez, Schlüchter, Gerber. Je me suis dit : « pourquoi pas ». J’ai appris à mieux connaître le Tchet (Michaël Chételat, le coach), un passionné, un mordu avec qui le courant est très bien passé. Et voilà…
Pourquoi le HCDV et pas le HCFM, vu que tu résides à Saignelégier ?
GG: J’avais sondé, à l’époque de mon changement de club, les dirigeants du HCFM. Personne n’avait montré un réel intérêt à me conserver du côté de « Saigne ».
Pourquoi tant de sacrifices à 45 ans pour jouer à ce niveau ?
GG: Pour le plaisir. Pour tout vous dire, je préfère la 1re ligue à la 2e. C’est plus rapide, plus technique, plus fluide, plus « fin ». C’est la catégorie de jeu où je me sens le mieux.
Certains de tes coéquipiers pourraient être tes gosses…
GG: Aucun problème. Il y en a avec qui j’ai développé des affinités, d’autres naturellement un petit peu moins. Il y en a qui viennent me demander des trucs, d’autres pas. Tout cela se fait naturellement. L’âge n’a rien à voir.
A l’époque, tu fréquentais un vestiaire sans smartphone, car ça n’existait pas. Quel regard portes-tu sur cet appareil ?
GG: Ça a amené de la bonne musique, mais ça génère aussi des abus, quand certains se ruent dessus dès qu’il y entrent. Je ne me gêne d’ailleurs pas de glisser une petite remarque de temps à autre.
Pourquoi Delémont et pas Tramelan ou St-Imier ?
GG: Martin Bergeron aurait aimé me voir à Tramelan. Mais je suis venu à Delémont pour quelques entraînements, et ça m’a plu. En plus, nous nous limitions à deux séances par semaine. Ce rythme, déjà élevé pour un père de famille passablement chargé au niveau professionnel, me convient bien. Je connais Martin Bergeron : à moins de trois entraînements hebdomadaires, ça n’aurait pas fonctionné. Pour moi, c’est trop.
Quel regard porte le Taignon que tu es sur ce HCFM qui accueille bon nombre de joueurs ne connaissant ni la Thérèse de Muriaux, encore moins l’étant de la Gruère ?
GG: Ça change de mon époque, où l’équipe était composée à 80% de joueurs du coin. Cela dit, j’ai un bon regard là-dessus. Beaucoup de ces gars se sont établis aux Franches. Il n’y a pas eu que des mercenaires purs et durs. Certains sont venus, s’y sont plus et y sont restés. Tout n’est pas à jeter. Ceci démontre aussi le travail réalisé, année après année, par le HCFM. Dirigeants, encadrement, entraîneurs, joueurs, tout a progressé pour faire de ce club un club attrayant.